mardi 6 août 2013

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet : un récit initiatique engagé

LARSEN Reif, L'extravagant voyage
Livre de Poche, 2011
Ce premier roman de Reif Larsen n'est plus à présenter : paru aux éditions NiL en 2010, l'histoire extraordinaire du jeune Tecumseh Sansonnet Spivet est, depuis 2011, entré dans la grande famille des éditions Livre de Poche. Le succès est tel qu'une adaptation au cinéma est proposée fin 2013. Du haut de ses 12 ans, le jeune cartographe et illustrateur scientifique va traverser les États-Unis à la manière des hobos, pour rejoindre le musée Smithsonian, à Washington D.C., afin de recevoir un prix. Le récit est accompagné de dessins de ce jeune garçon qui cartographie tout : ses rêves, l'épluchage des épis de maïs, la trajectoire des petits pois lors des dîners.

Le lecteur se retrouve immergé dans la tête un petit bonhomme génial, qui décortique la réalité avec poésie, rigueur et lucidité. Sa candeur face aux événements qui vont jalonner son voyage pointe du doigt la froideur du monde, sa violence mais également sa générosité et sa beauté. T.S. Spivet sait regarder et analyser ce qui l'entoure, chose que nous oublions souvent de faire, pris que nous sommes dans le tourbillon du quotidien. Le petit garçon va alors évoluer au fil du récit, mais également découvrir sa famille, grâce à un petit carnet dans lequel sa mère raconte l'histoire de son arrière grand-mère, la première femme scientifique de la famille. C'est aussi le récit d'une lutte, contre l'ignorance, la médiocrité, l'indifférence et le paraître.

Le choix d'une écriture introspective est donc parfaitement adaptée. Mais si elle est vive et un peu décousue au début du récit - nous marchons au milieu des pensées d'un petit homme ! - , elle ralentit progressivement et peut-être devient-elle un peu trop (?) ordonnée par la suite : la lecture du carnet par le héros l'exigeait certainement. Mais la spontanéité de la pensée est toujours présente dans les dessins.

Reif Larsen nous offre donc un beau récit initiatique engagé : il invite le lecteur à se faire sa propre perception du monde qui l'entoure:  il y a de la beauté et de l'intelligence partout, il faut « juste » apprendre à regarder.

Petit coup de cœur donc !