jeudi 19 septembre 2013

Microcosme et macrocosme

Jérôme Ferrari, Le sermon sur la chute de Rome, Acte sud, 2012

Trois générations sont représentées, avec leurs souvenirs, leurs projets, leurs désillusions. Le récit se développe autour de Libero et Mathieu, qui abandonnent des études prometteuses en philosophie pour suivre en Corse les enseignements de Leibniz : ils souhaitent faire d’un débit de boisson perdu dans un village loin de la côte « le meilleur des mondes possibles ». Mais les fondations sont en argile : Libero a renoncé non seulement à ses études mais également à sa foi en l’homme. Mathieu, qui n’a jamais accepté ce qu’il est, se crée un monde imaginaire, où tout va pour le mieux… et « l’enfer en personne s’invite au comptoir ». En marge, les histoires des membres de la famille de Mathieu, offrent le même constat : rien ne dure. Et qui plus est, tout est éternel recommencement. En toile de fond, le sermon sur la chute de Rome, prononcé par Augustin, au Ve siècle, à Hippone : la ville « éternelle » est tombée sous les assauts d’Alaric. Toute une conception du monde est remise en cause et Augustin cherche à apaiser les âmes, en leur expliquant que rien n’est éternel ici bas (je réduis certainement son propos, désolée !).

L’homme aussi est un monde, un microcosme, qui naît, évolue et chute, irrémédiablement. Il cherche, d’une manière ou d’une autre, à s’inscrire dans l’éternel. Certains alors nient cet état, d’autres refusent l’oubli. Chaque personnage gère donc – ou pas – à sa manière cette sensation de course vers le néant. Mais la vie, les projets doivent prendre le dessus, il ne peut en être autrement. A mon sens, la question du choix est également primordiale dans ce roman : certains renoncent, d’autres s’emploient à construire, même si le terrain est instable.

Les titres des chapitres reprennent le sermon de Saint Augustin et donnent le ton : « Peut-être Rome n’a-t-elle pas péri si les Romains ne périssent pas », « Toi, vois ce que tu es. Car nécessairement vient le feu. », « Car Dieu n’a fait pour toi qu’un monde périssable. ». L’écriture de Jérôme Ferrari est exigeante, prenante, parfois étouffante : les pensée des personnages se bousculent et se perdent parfois dans un chaos, illustration de leur état. Des moments de respiration laissent entrevoir des instants de paix, d’équilibre.


La vie de certains personnages est détruite et c’est le renoncement. D’autres ont connu la destruction et se reconstruisent. L’écriture, parfois alambiquée, illustre la complexité du sujet, qui, en somme a autant de développements possibles que de mondes existants. Et le vôtre, de quoi est-il fait ? 

mardi 10 septembre 2013

Bientôt bientôt!

Clikety revient bientôt avec quelques billets! Cela fait un mois que rien n'a été posté mais le blog n'est pas mort né : il cherche encore sa vitesse de croisière ;) 

En ce moment, que lisez-vous?