lundi 14 octobre 2013

Episode 1 : le rêve des Goncourt

Jules et Edmond ont un projet : reconstituer l’ambiance des salons littéraires du XVIIIe siècle. Tout les deux férus de littérature et d’art, ils se démarquent par leur sensibilité et leur écriture. Mais Jules meurt soudainement. Edmond réalise donc seul le rêve de ces deux esprits intimement liés et ouvre en 1884 le Grenier, situé au dernier étage de leur hôtel particulier. Il s’agit d'un salon littéraire, fréquenté par les dix, qui formeront plus tard la première académie. Le second frère Goncourt meurt en 1896. Il n’a pas eu le temps de constituer la société littéraire Goncourt, tâche qui incombe alors à Alphonse Daudet, le légataire universel. Le but est de décerner un prix à une œuvre d’imagination en prose. 

Nous sommes à la fin du XIXe siècle, et l’Académie Française a refusé d’immortaliser Balzac, Flaubert, Zola, Baudelaire. La société littéraire Goncourt va alors très vite devenir Académie, pour s’opposer à l’Académie française. La première se tient le lundi 21 décembre 1903. Le vote a lieu au restaurant Champeaux, situé place de la Bourse à Paris. C’est John-Antoine Nau qui reçoit le premier Goncourt, avec Force ennemie, aux éditions La Plume. Mais pourquoi le vote a-t-il lieu dans un restaurant ? Parce que l’académie n’a pas de siège à proprement parlé. De la nourriture, des débats : tout ce qu’il faut pour passer un bon moment entre amoureux de la littérature. La nomination de John-Antoine Nau passe quasiment inaperçue. Mais dès la seconde année, le prix fait parler de lui.

Aujourd’hui la tradition est respectée : les dix se réunissent toujours au restaurant Drouant. Tous les mois ils se retrouvent, et en novembre, il faut choisir. Les échanges sont parfois houleux, les délibérations longues. Une certaine effervescence est palpable. Cependant il semble que le prix Goncourt ait perdu un peu de son impertinence : pas de prises de risque diront certains, trop prévisibles diront d’autres. Je n’ai pas encore suffisamment suivi les choix de l’académie Goncourt pour pouvoir en juger. Quoi qu’il en soit, ce prix est toujours considéré comme une référence et les débats qu’il provoque, prouvent que les prix littéraires sont nécessaires, ne serait-ce que pour l’émulation qu’ils suscitent.

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